Ouvert par les personnels, enseignant/e/s, chercheur/e/s, de l’université Paris 12, en grève à l’appel de la coordination nationale des universités, ce blog propose à tous les personnels et étudiants de Paris12 (UFR, IUT, IUFM, labos, etc.) un espace de mobilisation, d'information, de débat sur le mouvement déclenché en février 2009 contre:
- le projet de décret sur le statut des enseignants-chercheurs
- le démantèlement des concours de recrutement et le projet formation des enseignants des premier et second degrés
- les conséquences néfastes de la loi LRU pour les étudiants et tous les personnels enseignants, chercheurs, biatoss
- la remise en cause des statuts et des instances d'évaluation nationale
- la transformation des organismes de recherche en agences de moyens pour une recherche et un pilotage à court terme de la recherche et de l’enseignement supérieur par le pouvoir politique
- le contrat doctoral sans moyens réels
- la suppression des postes dans la recherche, l’enseignement, l’administration et les bibliothèques universitaires
- l'ouverture d'un marché du savoir et des enseignements du supérieur livré au secteur privé, commercial ou religieux.

L’Université n’est pas une entreprise, le savoir n’est pas une marchandise.
La professionnalisation à court terme n'est pas l'objectif premier de la formation universitaire.
L’investissement dans l'éducation à tous les niveaux est la plus sûre des relances.

Le gouvernement doit retirer ses décrets pour engager une véritable négociation avec les représentants des mouvements actuels et prendre en compte leurs propositions pour

- un service public de l'éducation de la maternelle à l'université accessible à tous
- une répartition égale des moyens de l'enseignement supérieur post-bac
- le développement des espaces de libertés pour l'enseignement et la recherche (libre débat, innovation, expérimentations, créations)
- des modes de recrutement et d'avancement reposant sur des critères nationaux explicites et transparents

Ce blog est modéré sous la responsabilité de la coordination des personnels en lutte et des organisations syndicales participant au mouvement.
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mardi 5 mai 2009

L'ULTIMATUM DES MILLE ET UNE HEURES

MILLE ET UNE HEURES

Depuis mille heures, nous tournons place de Grève, jour et nuit, comme nous l'avions annoncé lorsque nous sommes venus y déposer notre ultimatum, le 16 mars.

Depuis mille heures, des enseignants chercheurs, des chercheurs, des personnels biatoss, des étudiants, les IUFM, des artistes, des citoyens ayant à coeur de défendre l'indépendance de la pensée, marchent jour et nuit pour manifester leur refus de la LRU.

Depuis mille heures, ce sont plusieurs milliers de personnes qui se sont succédé en place de grève, issues de toutes les universités d'Ile de France, et parfois même de province, de toutes les disciplines. Des universitaires que la loi LRU voudrait placer en concurrence les uns avec les autres témoignent, ici, de leur entière solidarité, de cette idée d'une communauté que les tenants du marché ne sauraient ni admettre ni peut-être même comprendre. Depuis mille heures, nous avons défendu une idée de l'université ouverte sur l'avenir, populaire, démocratique, tout entière vouée à sa mission qui est de former des générations d'étudiants et de contribuer à la création de savoirs nouveaux.

Aujourd'hui, alors que la mille-et-unième heure vient de passer, force est de constater que le gouvernement n'a rien voulu entendre de nos revendications. Il s'est entêté à tenir une posture idéologique qui admet pour seul prédicat la rentabilité immédiate, qui stigmatise le risque de la pensée comme un luxe inutile et toutes libertés de recherche comme autant de privilèges. Aux négociations, ce gouvernement a préféré s'en tenir à la menace et au mensonge.

Mais à trop vouloir affirmer que tous les problèmes sont résolus et que le mouvement des universités s'essouffle, cette politique de communication a perdu toute crédibilité. Et c'est ici la première victoire de notre ronde infinie des obstinés et du mouvement universitaire. Depuis plus de mille heures, y ont tourné des universitaires dont certains assumaient une grève totale de leur service enseignant, tandis que d'autres substituaient aux cours habituels des séminaires de grève, et que d'autres encore, en raison de la préparation de concours, apportaient à leurs étudiants la totalité des enseignements dont ils pouvaient avoir besoin. Cette hétérogénéité n'a jamais occasionné la moindre dissension parmi nous, et la ronde a permis à chacun de marquer sa détermination, de s'inscrire dans un mouvement de résistance face à une politique que tous condamnent avec la même fermeté.

La ronde infinie des obstinés, en convergence avec tous ceux qui luttent contre ces décrets, témoigne de notre engagement à obtenir leur abrogation, et dès maintenant à en refuser l'application. Les maquettes de mastérisation continueront de tourner dans l'infini de notre refus et les modulations de service se dissoudront dans notre commune obstination. Au silence des gouvernants, la ronde infinie des obstinés oppose le flux permanent de nos paroles. Et sous chacune de ces paroles, c'est un nouvel acte contre cette politique qui est inventé.

À travers ces mille heures de marche ininterrompue, c'est bien une résistance qui s'est engagée. Et cette résistance s'exercera jusqu'à ce que le gouvernement apporte des réponses à la mesure de la crise profonde qu'il a provoquée par la LRU, et jusqu'à ce qu'il ouvre de véritables négociations.

Non seulement la ronde infinie des obstinés n'est pas prête de se dissoudre, mais elle compte bien intensifier son action, se trouver de nouveaux terrains d'application et de nouvelles déclinaisons temporelles de l'infini.

A l'issue de ces mille heures, c'est donc un second ultimatum que nous posons aujourd'hui. Aucun des quatre points qui ont suscité notre présence place de grève n'a reçu de réponse satisfaisante. La ronde infinie des obstinés tout au long du mois de mai déclenchera donc autant de rondes intempestives que cela sera nécessaire, à Paris comme en Province. Que nos ministres de tutelle le sachent, notre marche lancinante et déterminée n'est pas prête de rompre. Elle entre dans une dynamique centrifuge, elle réapparaîtra plus massive et intempestive et s'associera plus encore aux autres secteurs en lutte.

Ainsi, si le 1er juin, aucune avancée significative de nos revendications n'est constatée, la ronde infinie des obstinés s'invitera dans le débat des élections européennes. De toutes les universités, nous convergerons vers un nouveau point de ronde et nous reprendrons notre marche, jour et nuit, pour rappeler à l'opinion le peu de cas que ce gouvernement fait de l'université et de notre avenir à tous.

4 commentaires:

  1. La Ronde, le Retour !

    Prochains rendez-vous :
    - mercredi 6 mai, 18h, Place de Grève devant la poste.
    - jeudi 7 mai, 12 h, Place du Panthéon

    Faites tourner !!!

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  2. Les organisateurs-trices de la Ronde appellent à une ronde intempestive ce jeudi 7 mai à 12h au Panthéon. Ce genre de ronde tournera régulièrement à des endroits divers, ici ou là. Ceci est le premier appel.

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  3. LES RECOMMANDATIONS TOTAL-LIBERALES OBSTINEES DE L'OCDE

    OCDE
    Réformes économiques : objectif croissance 2009
    Notes par pays (mars 2009)

    La liste ci-dessous ne concerne que les pays membres de l’Union européenne, et parmi eux uniquement ceux pour lesquels les problèmes de l’Université sont abordés.

    Allemagne
    Mesures prises : dans plusieurs Länder, les universités peuvent maintenant sélectionner les étudiants et percevoir des frais de scolarité, ce qui rend plus flexible la gestion des ressources. La durée des cours universitaires a été réduite et le numerus clausus a été assoupli.
    Recommandations : donner aux universités dans les Länder, qui n’ont pas encore pris de mesures en ce sens, plus de flexibilité dans la sélection des étudiants.

    Autriche
    Mesures prises : le premier contrat triennal de performance a été conclu en 2007 entre les universités et le gouvernement; il comporte une budgétisation fondée sur des indicateurs, de nature à renforcer le financement et l’autonomie des universités : 20 % du budget de l’université sont maintenant attribués en fonction d’indicateurs qualitatifs et quantitatifs liés aux résultats.
    Recommandations : autoriser les universités à sélectionner les étudiants et à fixer leurs propres frais de scolarité afin d’améliorer la qualité du service et les incitations des étudiants. Mettre en place un dispositif de prêts remboursables en fonction du revenu ultérieur afin d’éviter l’exclusion des étudiants démunis issus de milieux pauvres.

    Finlande
    Réduire le temps d’attente nécessaire pour pouvoir entrer dans l’enseignement supérieur afin de faire baisser l’âge moyen des étudiants à l’université, qui compte actuellement parmi les plus élevés en Europe. Réduire la longue durée des études universitaires (en particulier pour le premier cycle) en incitant davantage les étudiants à achever rapidement leurs études et à entrer plus tôt sur le marché du travail grâce à la mise en place de frais de scolarité et au développement des prêts étudiants.

    France
    Élargir l’autonomie des universités au-delà de ce qui a été réalisé en 2007, surtout pour la gestion budgétaire, le recrutement et la rémunération du personnel. De plus, bien qu’on ait facilité les donations de fondations privées aux universités, de nouvelles mesures sont nécessaires pour favoriser le financement privé des universités, notamment en ayant davantage recours aux droits de scolarité, cette mesure se doublant de prêts étudiants remboursables en fonction du revenu ultérieur.

    Grèce
    Mettre en œuvre rigoureusement les réformes récentes concernant l’enseignement supérieur et les prolonger par des changements plus décisifs, en accordant plus d’autonomie aux universités et en subordonnant leur financement à une évaluation de leurs performances.

    Hongrie
    Mettre en place à l’université des droits de scolarité se doublant de prêts étudiants remboursables en fonction du revenu ultérieur.

    Irlande
    Envisager des frais de scolarité pour l’enseignement supérieur, financés par des prêts étudiants, de façon que les établissements d’enseignement supérieur répondent mieux aux besoins des étudiants.

    Italie
    Les taux d’obtention d’un diplôme sont faibles dans l’enseignement supérieur par rapport à la moyenne de l’OCDE. Les taux élevés d’abandon à ce degré d’enseignement diminuent l’offre de capital humain et représentent un gaspillage de ressources dans les établissements universitaires.
    Mesures prises : une loi adoptée en août 2008 autorise les universités publiques à se transformer en fondations privées. Une loi adoptée au début de 2009 prévoit d’accroître la part des financements calculés en fonction des résultats dans le financement public, mais il reste à définir les modalités de sa mise en oeuvre.
    Recommandations : développer les investissements financiers privés dans l’enseignement supérieur en augmentant les frais de scolarité et l’apport de fonds privés, afin d’accroître l’offre (qualitativement et quantitativement) de places à l’université et de faire baisser les taux d’abandon; mettre en place des prêts étudiants remboursables en fonction du revenu ultérieur.

    Pologne
    Instaurer des droits de scolarité pour les étudiants à temps plein dans les établissements publics d’enseignement supérieur, en même temps que des régimes plus généreux de bourses sous conditions de ressources et de prêts étudiants remboursables en fonction des revenus.

    République tchèque
    Les inscriptions dans l’enseignement supérieur augmentent rapidement, mais les taux d’obtention de diplômes demeurent faibles, ce qui freine l’innovation et la croissance de la productivité. L’expansion de l’enseignement supérieur exige davantage de ressources et des incitations plus efficaces aussi bien pour les étudiants que pour les établissements.
    Mesures prises : aucune mesure significative n’a été prise. Des propositions sont élaborées en vue de lier le financement à des indicateurs de résultats et de qualité.
    Recommandations : instaurer dans les établissements publics des droits de scolarité se doublant de prêts étudiants remboursables en fonction du revenu. Faciliter la coopération entre employeurs et universités pour mieux répondre à l’évolution des besoins de qualifications sur le marché du travail. Élargir l’éventail des programmes et améliorer l’accès des adultes aux études, en particulier pour les formations courtes.

    Slovaquie
    Le taux d’inscription dans l’enseignement supérieur, certes en hausse, est faible au regard des autres pays de l’OCDE, ce qui a des répercussions négatives sur la performance du marché du travail et sur la productivité.
    Mesures prises : les Universités ont été autorisées à percevoir des droits de scolarité auprès des étudiants à temps partiel. Les autorités ont lancé le programme de modernisation Slovaquie 21, qui prévoit des mesures à court et moyen terme pour renforcer le cadre institutionnel de l’enseignement.
    Recommandations : rendre les études supérieures plus attrayantes en proposant des programmes à visée professionnelle d’une durée de deux à trois ans. Étendre les droits de scolarité aux étudiants à temps plein et instaurer des prêts étudiants remboursables en fonction des revenus.

    Suède
    Développer les prêts par rapport aux bourses pour l’aide financière aux études supérieures et instaurer des droits de scolarité pour accélérer l’entrée des étudiants dans la vie active.

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  4. Motion votée par la majorité des membres du jury du CAPES externe d'Allemand


    soixante cinq membres du jury du CAPES externe d'Anglais

    l'unanimité du jury du CAPES externe d'Espagnol

    la majorité des membres du jury du CAPES externe d'Histoire-Géographie

    l'unanimité moins deux abstentions du jury du CAPES externe d'Italien

    la majorité du jury du CAPES externe de Lettres classiques

    la majorité des membres du jury de l'Agrégation interne de mathématiques



    « Sauvons les concours de recrutement des enseignants ! »





    Nous, membres de différents jurys de CAPES et d'agrégation de la session
    2009, tenons à exprimer solennellement notre consternation devant la façon
    dont est géré le dossier de la réforme des concours et notre opposition aux
    mesures préconisées pour les « nouveaux » CAPES et agrégations.

    C'est à partir de notre expérience de membres de ces jurys, constitués
    d'enseignants du secondaire, des classes préparatoires, des universités, des
    IUFM et de membres des corps d'inspection nommés pour une période de quatre
    ans, que nous considérons que ces mesures, si elles étaient appliquées,
    entraîneraient une très grave dégradation de la formation et du recrutement
    des enseignants et, à terme, une remise en cause des concours nationaux et
    une précarisation des personnels enseignants.

    Ces mesures conduisent en effet à un affaiblissement inacceptable des
    contenus disciplinaires des concours sous couvert de « professionnalisation
    », alors même que l'année de stage de formation en alternance rémunérée
    existant actuellement est supprimée dans le projet ministériel. Et les «
    stages » prévus pendant les deux années des « masters enseignement » ne sont
    nullement à même de compenser les effets néfastes de cette suppression - ou
    de sa réduction à une décharge symbolique lors de la première année
    d'exercice.



    La précipitation qui a caractérisé la gestion de ce dossier, les incessants
    bricolages qui se succèdent depuis l'annonce de la réforme, les
    tergiversations, les annonces sans suite, les « mesures transitoires », les
    incertitudes maintenues sur les modalités des épreuves et les programmes du
    concours, ont créé un tel climat de confusion et de chaos qu'il est urgent
    et impérieux de reprendre totalement le dossier pour qu'émerge un projet
    intellectuellement et professionnellement cohérent.

    Dans cette perspective nous prenons acte de l'annonce du ministre concernant
    le maintien en l'état pour 2010 des CAPES et agrégations actuels que nous
    entendons comme le maintien de l'intégralité de leurs modalités actuelles, y
    compris pour les dates des concours et les conditions d'inscription.
    Cependant, comme l'ensemble des collègues engagés dans la mobilisation
    contre les réformes actuelles, nous pensons que toute refonte des concours
    doit être arrêtée à l'issue d'une large concertation et de véritables
    négociations avec tous les acteurs de la formation des enseignants.
    Celles-ci supposent un retrait des projets actuels, un réexamen complet du
    dossier de la formation et du recrutement des enseignants et l'abandon de
    toute « mesure transitoire » et de toute mise en place progressive de la «
    mastérisation ».



    Nous ne sommes évidemment pas hostiles par principe à toute refonte des
    concours ni à l'ambition affichée d'élévation du niveau de recrutement des
    enseignants. C'est dans cette optique que nous tenons à rappeler quelques
    principes qui sont, selon nous, essentiels pour toute réforme à venir des
    CAPES et agrégations :



    - le recrutement de tous les enseignants doit se faire
    par concours nationaux avec un programme national, des épreuves nationales
    et un jury national unique pour l'admissibilité et l'admission pour toutes
    les épreuves, associant, comme c'est le cas actuellement, des enseignants
    des universités, du second degré, des classes préparatoires et des membres
    des corps d'inspection

    - les lauréats doivent avoir le statut de
    fonctionnaires stagiaires (de la fonction publique d'État) et pour assurer
    une véritable formation pédagogique et professionnelle l'année de stage
    rémunérée de formation en alternance avec un service significativement
    réduit doit être maintenue

    - l'évaluation du niveau de maîtrise des disciplines
    doit rester le fondement du recrutement. En conséquence les épreuves,
    écrites et orales, doivent être disciplinaires et les jurys doivent être
    composés de spécialistes de la discipline

    - Un lien thématique, quand il existe, doit être
    maintenu entre les programmes du CAPES et ceux des agrégations afin d'éviter
    notamment que la préparation à l'agrégation ne soit réservée qu'à un petit
    nombre « d'établissements d'élite ».



    En tant que membres de jurys de CAPES et d'agrégation soucieux de l'intérêt
    des candidats, des futurs enseignants et des élèves, notre responsabilité
    est en tout premier lieu d'assurer, dans les meilleures conditions d'équité
    possibles, un concours d'un niveau scientifique élevé, fondement de la
    légitimité scientifique et professionnelle des lauréats et de la qualité du
    service public d'enseignement. Mais il est également de notre responsabilité
    de ne pas nous taire devant ce que nous considérons comme un gâchis et un
    désordre qui ne peuvent à terme qu'entraîner une dégradation du niveau de
    recrutement des enseignants et donc de l'enseignement de nos disciplines.

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