Ouvert par les personnels, enseignant/e/s, chercheur/e/s, de l’université Paris 12, en grève à l’appel de la coordination nationale des universités, ce blog propose à tous les personnels et étudiants de Paris12 (UFR, IUT, IUFM, labos, etc.) un espace de mobilisation, d'information, de débat sur le mouvement déclenché en février 2009 contre:
- le projet de décret sur le statut des enseignants-chercheurs
- le démantèlement des concours de recrutement et le projet formation des enseignants des premier et second degrés
- les conséquences néfastes de la loi LRU pour les étudiants et tous les personnels enseignants, chercheurs, biatoss
- la remise en cause des statuts et des instances d'évaluation nationale
- la transformation des organismes de recherche en agences de moyens pour une recherche et un pilotage à court terme de la recherche et de l’enseignement supérieur par le pouvoir politique
- le contrat doctoral sans moyens réels
- la suppression des postes dans la recherche, l’enseignement, l’administration et les bibliothèques universitaires
- l'ouverture d'un marché du savoir et des enseignements du supérieur livré au secteur privé, commercial ou religieux.

L’Université n’est pas une entreprise, le savoir n’est pas une marchandise.
La professionnalisation à court terme n'est pas l'objectif premier de la formation universitaire.
L’investissement dans l'éducation à tous les niveaux est la plus sûre des relances.

Le gouvernement doit retirer ses décrets pour engager une véritable négociation avec les représentants des mouvements actuels et prendre en compte leurs propositions pour

- un service public de l'éducation de la maternelle à l'université accessible à tous
- une répartition égale des moyens de l'enseignement supérieur post-bac
- le développement des espaces de libertés pour l'enseignement et la recherche (libre débat, innovation, expérimentations, créations)
- des modes de recrutement et d'avancement reposant sur des critères nationaux explicites et transparents

Ce blog est modéré sous la responsabilité de la coordination des personnels en lutte et des organisations syndicales participant au mouvement.
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dimanche 27 décembre 2009

Lettre ouverte à Madame Simone Bonnafous, présidente de l’université Paris 12

Madame la Présidente,
Nous vous adressons cette lettre ouverte suite à la réunion du CA de Paris 12 qui s’est tenu hier, vendredi 18 décembre 2009. Vous n’avez pas été en mesure de faire voter votre budget par défection d’élus de votre majorité et de personnalités extérieures nommées par vous. C’est donc un événement majeur auquel nous avons assisté.
Hier matin, étant en grande difficulté, vous avez eu recours à des pressions et à des tentatives de culpabilisation indignes de votre fonction, pressions très directes à notre encontre et vis-à-vis des élus de notre liste, et pis encore, sur des personnels administratifs dont l’indépendance est plus fragile. Nous avons été très choqués d’être interpellés par vous sur le thème de la responsabilité. Cela nous a offensés et poussés à vous écrire le présent courrier.
Vous connaissez nos analyses. Faut-il vous rappeler que nous pensons, pour bien en avoir mesuré les conséquences, que la loi LRU, comme le « Pacte pour la Recherche », sont préoccupants pour l’avenir du service public, contraire à l’intérêt de l’Université et des étudiants ? C’est sur cette base que nous nous sommes engagés contre ce que nous considérons comme étant une politique mauvaise, cynique et irresponsable, fondée sur la recherche d’éclat de la communication gouvernementale et sur une idéologie de la concurrence généralisée qui a démontré depuis longtemps son caractère destructeur. Cette loi s’inscrit dans une logique gestionnaire de « rentabilité » et de marchandisation des connaissances. Ainsi, avec le "grand emprunt", il s'agira désormais de gérer des fonds à faire fructifier et non plus d'étudiants à former le mieux possible. Cette loi s'inscrit aussi dans la perspective de suppression des divers services publics dont les mérites sont pourtant éclatants, ainsi que le démontre la résistance de notre pays à la crise. Alors que nos prédécesseurs ont mis un siècle et plusieurs conflits mondiaux et régionaux à les construire, il est apparemment facile de les détruire très rapidement.
Votre gestion actuelle vous conduit - en contradiction avec ce qui est connu de vos positions affichées antérieurement - à être l’un des supporters de Madame Pécresse, de sa politique destructrice adossée à un discours systématiquement mensonger (sur les moyens financiers, sur les personnels, sur les conditions de la recherche publique, etc...).
Spécialiste de la communication politique, vous connaissez le poids des mots. Par exemple, qu’y a-t-il de moins social qu’un « plan social » ? Or, la notion d’autonomie des universités est du même ordre. Quel enseignant-chercheur peut croire qu’être « autonome » vis-à-vis des pouvoirs publics, et par conséquent exposé aux groupes de pression (financiers, industriels, politiques), aille dans le sens d’une autonomie du savoir, de la pensée ou simplement des projets universitaires ? Cette autonomie de façade relève en réalité de logiques d’asservissement de la pensée à l’utilitarisme de court terme, entraînant une stérilisation de la connaissance. Toute l’histoire des sciences en atteste et vous ne pouvez l’ignorer.
C’est donc sur cette analyse que nous nous sommes engagés et que nous avons été élus au CA de l'université Paris12. Comment pouvez-vous imaginer que des pressions pourraient nous conduire à agir dans un sens contraire à nos engagements publics et à notre mandat? L’incident de ce matin-là est significatif du renversement du sens et du retournement des valeurs qui conduisent notre société au chaos: faire porter la responsabilité de ses échecs à ceux qui justement tentent de les faire éviter. Il nous est impossible de ne pas refuser et dénoncer ce brouillage incessant des positions.
Ensuite, ce qui est stupéfiant, c’est que votre propre majorité vous abandonne, et que vous en arriviez à tenter d'intimider votre opposition pour la pousser à siéger. D’ailleurs, il aurait été pour le moins paradoxal que ce soit notre présence qui vous permette de faire passer votre politique ! Mais c’est aussi l’occasion de rappeler la composition du CA de Paris 12. Le scrutin des personnels de février 2008 a élu 7 enseignants ou enseignants-chercheurs sur nos listes (FSU-SLR) et 7 sur les vôtres, 1 représentant BIATOSS sur les nôtres, 1 sur les vôtres, et 1 UNSA. Ce qui, vous en conviendrez, témoignait d’un réel équilibre entre nos deux courants. Malgré tout, vous avez décidé de nommer seule les membres extérieurs, et de vous faire élire dans la foulée par ce nouveau CA dont vous aviez modifié l’équilibre, soutenue en cela par les élus étudiants de toutes tendances.
Si vous ne pouvez compter sur votre majorité, ne nous faites pas l’injure de croire que nous pourrions trahir nos mandants sous la pression d’un soi disant intérêt général, lequel est bafoué quotidiennement par la LRU et par ceux qui nous gouvernent. Cela, vous le savez pertinemment car, contrairement à Madame Pécresse, vous pouvez en mesurer les conséquences quotidiennement.
Par contre et comme vous avez pu le constater, chaque fois qu’il s’est agi de construire, de défendre l’intérêt de l’université, de la recherche et celui des étudiants, vous nous avez trouvés à vos côtés tout à fait loyalement. En revanche, dès lors que votre position vous rend complice de l’entreprise de destruction en cours, vous nous rencontrez en tant qu'opposants déterminés, avec d’autres élus parfaitement responsables et capables de penser par eux-mêmes. Et cela n’a pas de raison de changer.
Veuillez croire, madame la présidente à l'expression de nos sentiments respectueux.
Vérène Chevalier, Angélica Keller, Sylvie Pugnaud, Gérard Tollet* Membres élus du Conseil d'Administration de l'université Paris 12.
* arrivé en retard au CA pour cause de difficultés de transport, mais ayant tout autant refusé de siéger après avoir pris connaissance de la situation particulière.