à Monsieur N. Sarkozy, Président de la République Française
Le mercredi 11 février 2009, (cette lettre a été rendue publique ce jour)
Monsieur le Président, Nous, membres de l’Institut Universitaire de France
(IUF), tenons à vous faire part de la stupéfaction que nous avons éprouvée
lors de l’audition de votre discours du 22 janvier dernier à l’occasion du
lancement de la réflexion pour une stratégie nationale de recherche et
d’innovation.
La recherche menée au sein des Universités françaises ‐ souvent en
association avec les grands organismes de recherche français – est d'une
qualité et d'une diversité reconnue internationalement. L'IUF, par sa
richesse disciplinaire, par son recrutement fondé sur une évaluation
internationale des candidatures –si tant est que le fait du Prince ne
vienne pas interférer comme nous avons hélas eu à le regretter pour la
première fois cette année‐, et par l'indépendance accordée à ses
membres, associée à une évaluation a posteriori, constitue une excellente
synthèse du modèle français de recherche universitaire.
L'IUF n'est pas « l'arbre qui cache la forêt » : il regroupe des
enseignants‐chercheurs et des enseignantes‐chercheuses
représentatifs de la qualité de la recherche développée dans leurs
universités, y compris celles de taille moyenne ou faible. Monsieur le
Président, nous n’acceptons pas les sarcasmes qui ont émaillé votre
discours. Les métaphores –« immobilisme », « frilosité », « repli sur soi
»‐ sont aux antipodes de notre réalité quotidienne et de la passion
que nous consacrons à notre travail. Nous n’acceptons pas non plus les
contre‐vérités : budgets prétendus en hausse, résultats de la
recherche française prétendus en retrait de ceux d’autres pays, prétendue
absence de l’évaluation de nos métiers. Nous sommes habitués aux
vérifications, aux débats, aux confrontations. Chaque jour, nous devons
argumenter pour défendre une idée, une découverte. Nous ne pouvons croire
que notre Ministère ignore cela. Il aurait dû vous en informer ou tout au
moins vous auriez dû l'écouter.
Nous, universitaires de divers horizons et aux avis parfois divergents sur
la manière d’envisager le fonctionnement de l’Université, sommes donc
unanimes : le manque de considération dont vous avez fait preuve à l’égard
du monde de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur le 22 janvier
dernier a eu et aura des effets catastrophiques, dont notre réaction
aujourd’hui veut témoigner. Il s’écoulera du temps avant que la majorité
des enseignants‐chercheurs et enseignantes‐chercheuses de
notre pays recouvre un semblant de confiance en ses dirigeant(e)s.
La recherche universitaire constitue le monde de l'exploration des
inconnues. Il n'est pas celui de l'immédiateté, de la rentabilité à court
terme et du paraître. La qualité de ses productions ne se mesure pas
systématiquement avec des indicateurs chiffrés et des classements
internationaux. Si l'Université est construite sur la seule finalité
économique, cela ne peut que limiter sa vocation et contribuer à détruire
la culture. Nous ne contestons pas le besoin de réformes. Mais
celles‐ci doivent être construites en concertation et en tenant
compte de l'identité universitaire.
Avec nos sentiments les plus respectueux pour la fonction que vous incarnez.
Les 122 premiers signataires sont membres de l'IUF (la liste des signataires figurent sur le blog de Sylvestre Huet et sur celui de SLU)
Le mercredi 11 février 2009, (cette lettre a été rendue publique ce jour)
Monsieur le Président, Nous, membres de l’Institut Universitaire de France
(IUF), tenons à vous faire part de la stupéfaction que nous avons éprouvée
lors de l’audition de votre discours du 22 janvier dernier à l’occasion du
lancement de la réflexion pour une stratégie nationale de recherche et
d’innovation.
La recherche menée au sein des Universités françaises ‐ souvent en
association avec les grands organismes de recherche français – est d'une
qualité et d'une diversité reconnue internationalement. L'IUF, par sa
richesse disciplinaire, par son recrutement fondé sur une évaluation
internationale des candidatures –si tant est que le fait du Prince ne
vienne pas interférer comme nous avons hélas eu à le regretter pour la
première fois cette année‐, et par l'indépendance accordée à ses
membres, associée à une évaluation a posteriori, constitue une excellente
synthèse du modèle français de recherche universitaire.
L'IUF n'est pas « l'arbre qui cache la forêt » : il regroupe des
enseignants‐chercheurs et des enseignantes‐chercheuses
représentatifs de la qualité de la recherche développée dans leurs
universités, y compris celles de taille moyenne ou faible. Monsieur le
Président, nous n’acceptons pas les sarcasmes qui ont émaillé votre
discours. Les métaphores –« immobilisme », « frilosité », « repli sur soi
»‐ sont aux antipodes de notre réalité quotidienne et de la passion
que nous consacrons à notre travail. Nous n’acceptons pas non plus les
contre‐vérités : budgets prétendus en hausse, résultats de la
recherche française prétendus en retrait de ceux d’autres pays, prétendue
absence de l’évaluation de nos métiers. Nous sommes habitués aux
vérifications, aux débats, aux confrontations. Chaque jour, nous devons
argumenter pour défendre une idée, une découverte. Nous ne pouvons croire
que notre Ministère ignore cela. Il aurait dû vous en informer ou tout au
moins vous auriez dû l'écouter.
Nous, universitaires de divers horizons et aux avis parfois divergents sur
la manière d’envisager le fonctionnement de l’Université, sommes donc
unanimes : le manque de considération dont vous avez fait preuve à l’égard
du monde de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur le 22 janvier
dernier a eu et aura des effets catastrophiques, dont notre réaction
aujourd’hui veut témoigner. Il s’écoulera du temps avant que la majorité
des enseignants‐chercheurs et enseignantes‐chercheuses de
notre pays recouvre un semblant de confiance en ses dirigeant(e)s.
La recherche universitaire constitue le monde de l'exploration des
inconnues. Il n'est pas celui de l'immédiateté, de la rentabilité à court
terme et du paraître. La qualité de ses productions ne se mesure pas
systématiquement avec des indicateurs chiffrés et des classements
internationaux. Si l'Université est construite sur la seule finalité
économique, cela ne peut que limiter sa vocation et contribuer à détruire
la culture. Nous ne contestons pas le besoin de réformes. Mais
celles‐ci doivent être construites en concertation et en tenant
compte de l'identité universitaire.
Avec nos sentiments les plus respectueux pour la fonction que vous incarnez.
Les 122 premiers signataires sont membres de l'IUF (la liste des signataires figurent sur le blog de Sylvestre Huet et sur celui de SLU)
Sciencepo dans le mouvement
RépondreSupprimerASSEMBLEE GENERALE DU 11 FEVRIER 2009
Le personnel du CERI (Centre d'études et de recherches internationales)
réuni le 11 février 2009 en assemblée générale
affirme sa participation au mouvement de protestation nationale contre
les réformes déjà mises en œuvre ou envisagées dans l’enseignement et
la recherche, et tout particulièrement contre la réforme du statut
d’enseignant-chercheur et le démantèlement du CNRS.
Le CERI tient à s’associer à l’émotion ressentie par l’ensemble de la
communauté scientifique face au discours du Président de la République
du 22 janvier et au mépris dont il a témoigné à l’égard de celle-ci.
Le CERI considère que Sciences Po., membre de la communauté
académique, se doit d’être partie prenante à ce mouvement et appelle
l’ensemble des personnels de l’établissement à contribuer à son
amplification.
Le CERI souligne le lien fort qui existe entre la situation que
connaît d’ores et déjà Sciences Po et ce qui tend à se mettre en place
au niveau national. Il en est ainsi d’un présidentialisme managérial
que l’évolution de l’université, telle que projetée, tend à
généraliser, tout comme des modalités de recrutement et d’évaluation.
Face à cette situation, il nous paraît indispensable de défendre
l’indépendance des métiers du savoir et d’affirmer le laboratoire
comme le lieu naturel de l’exercice de nos métiers (chercheurs,
enseignants-chercheurs, accompagnateurs de la recherche, doctorants,
post-docs).
Aussi le CERI appelle t-il à une réflexion collective de l’ensemble
des personnels de Sciences Po concernant l’exercice des métiers de la
recherche et de l’enseignement supérieur, le recrutement,
l’évaluation, la carrière, le statut des enseignants-chercheurs et des
chercheurs, les possibilités offertes aux doctorants et aux postdocs
ainsi que la gouvernance au sein de l’établissement. Le CERI souligne
l’importance à ses yeux de la collégialité et de la pleine inscription
de Sciences Po dans la communauté académique et dans le champ des
sciences sociales.
En conséquence, le CERI:
1.décide un moratoire du laboratoire sur toutes les expertises de l’ANR et de l’AERES - voté à l’unanimité
2.demande au directeur du CERI, face aux propos tenus par le Président de la République, d’exprimer ses réticences à apporter l’expertise du centre aux administrations - voté à l’unanimité
3.se déclare laboratoire en lutte - voté à l’unanimité.
Transmis par NZ