Ouvert par les personnels, enseignant/e/s, chercheur/e/s, de l’université Paris 12, en grève à l’appel de la coordination nationale des universités, ce blog propose à tous les personnels et étudiants de Paris12 (UFR, IUT, IUFM, labos, etc.) un espace de mobilisation, d'information, de débat sur le mouvement déclenché en février 2009 contre:
- le projet de décret sur le statut des enseignants-chercheurs
- le démantèlement des concours de recrutement et le projet formation des enseignants des premier et second degrés
- les conséquences néfastes de la loi LRU pour les étudiants et tous les personnels enseignants, chercheurs, biatoss
- la remise en cause des statuts et des instances d'évaluation nationale
- la transformation des organismes de recherche en agences de moyens pour une recherche et un pilotage à court terme de la recherche et de l’enseignement supérieur par le pouvoir politique
- le contrat doctoral sans moyens réels
- la suppression des postes dans la recherche, l’enseignement, l’administration et les bibliothèques universitaires
- l'ouverture d'un marché du savoir et des enseignements du supérieur livré au secteur privé, commercial ou religieux.

L’Université n’est pas une entreprise, le savoir n’est pas une marchandise.
La professionnalisation à court terme n'est pas l'objectif premier de la formation universitaire.
L’investissement dans l'éducation à tous les niveaux est la plus sûre des relances.

Le gouvernement doit retirer ses décrets pour engager une véritable négociation avec les représentants des mouvements actuels et prendre en compte leurs propositions pour

- un service public de l'éducation de la maternelle à l'université accessible à tous
- une répartition égale des moyens de l'enseignement supérieur post-bac
- le développement des espaces de libertés pour l'enseignement et la recherche (libre débat, innovation, expérimentations, créations)
- des modes de recrutement et d'avancement reposant sur des critères nationaux explicites et transparents

Ce blog est modéré sous la responsabilité de la coordination des personnels en lutte et des organisations syndicales participant au mouvement.
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jeudi 12 mars 2009

Longue vie à la nouvelle université francilienne autonome!

Paris 14, une nouvelle université "autonome et sans chauffeur".

COMMUNIQUÉ DE PRESSE mardi 10 mars 2009.
Inaugurée le 18 février dernier, l’Université Paris 14 a fêté ce mercredi sa troisième semaine d’existence. La région parisienne n’avait pas connu de création d’Université depuis 1971 et la fondation de l’Université Paris 13 àVilletaneuse. La quatorzième Université d’Île de France a été fondée par des universitaires, enseignants, chercheurs et étudiants mobilisés contre les réformes issues de la loi LRU.Son fonctionnement est simple : les cours sont publics et se tiennent, tousles mercredis à partir de 14h00, sur la ligne 14 du métro parisien. Comme la ligne 14, l’Université n’a ni chauffeur, ni Président, ni instances dirigeantes : elle est autonome, autogérée, critique, nomade et ouverte à tous. C’est un lieu d’élaboration et d’échange gratuit de savoirs. L’Université Paris 14 est une réponse au démantèlement du système public d’enseignement et de recherche organisé par le gouvernement. Ses principes fondateurs affirment, face aux logiques du mépris et de l’économie-reine, la joie d’apprendre et de rencontrer.La principale mission de l’Université Paris 14 est de mêler recherche scientifique, action politique et travail poétique. L’Université Paris 14 est jumelée avec l’Université Libre de Guadeloupe.

SITE DE PARIS14: http://univ-paris14.blogspot.com/2009/02/cours-public-de-luniversite-paris-14.html

Et pendant ce temps-là, l'Elysée, les ministres, les députés UMP, et leur porte-parole, Le Monde, hésitent entre la provoc et l'intimitation. Voir les commentaires.

9 commentaires:

  1. Le recrutement et la formation des enseignants
    Communiqué de presse - Xavier Darcos
    12/03/2009

    Comme leurs collègues européens, les enseignants français bénéficieront à l’avenir d’une formation universitaire au terme de cinq années d’études. Telle est la caractéristique première de la « mastérisation » de la formation des maîtres.
L’enjeu de cette réforme est qualitatif : une meilleure qualité de la formation des futurs enseignants, une meilleure qualité de l’enseignement délivré à nos élèves et la meilleure utilisation du potentiel de formation des universités.
Mais cette rénovation est également l’occasion de mieux accompagner, dès la rentrée scolaire 2010, les jeunes enseignants lors de leur entrée dans le métier et de revaloriser substantiellement leur salaire.
    Comme leurs collègues européens, les enseignants français bénéficieront à l’avenir d’une formation universitaire au terme de cinq années d’études. Telle est la caractéristique première de la « mastérisation » de la formation des maîtres.
    L’enjeu de cette réforme est qualitatif : une meilleure qualité de la formation des futurs enseignants, une meilleure qualité de l’enseignement délivré à nos élèves et la meilleure utilisation du potentiel de formation des universités.
    Mais cette rénovation est également l’occasion de mieux accompagner, dès la rentrée scolaire 2010, les jeunes enseignants lors de leur entrée dans le métier et de revaloriser substantiellement leur salaire.
    1- A l’issue des consultations et rencontres des dernières semaines, Xavier DARCOS et Valérie PECRESSE ont apporté les précisions suivantes sur cette réforme, dont le processus sera lancé dès la session 2010 des concours, conformément aux principes énoncés dans la Charte signée par les deux ministres le 30 septembre dernier. 
Cette réforme verra son aboutissement à l’occasion de la session des concours 2011. Les conditions définitives de la mastérisation des enseignants feront l’objet d’une discussion avec les organisations représentatives et les acteurs concernés. 

    Elles seront examinées par une Commission de concertation et de suivi, coprésidée par un président d’université et un recteur. Cette commission associera les associations syndicales représentatives.
Cette commission, qui réunira en nombre égal des membres de l’enseignement supérieur et de l’éducation nationale, aura pour objectif de faire aux ministres concernés des recommandations notamment sur l’articulation entre les masters et les concours, sur la question de l’adossement à la recherche des masters, sur les éventuelles adaptations que pourront connaître les épreuves et l’organisation des concours et sur les ajustements pour certaines disciplines professionnelles de l’enseignement professionnel.
    2- Le processus de réforme commencera à s’appliquer dès la session des concours 2010. Pour sa première année d’application, les modalités de la mastérisation auront un caractère transitoire et prendront leur plein effet à compter de la session 2011 des concours dans des conditions définies en lien avec les acteurs universitaires et les partenaires sociaux concernés.

    Ainsi, les universités qui le souhaitent pourront donner à leurs parcours de master ou aux masters qu’elles ont élaborés un caractère provisoire lors de l’année 2009/2010. A la lumière des travaux de la Commission de concertation et de suivi, elles pourront faire évoluer, dès la rentrée universitaire 2010, leur offre de formation, soit en totalité, soit seulement pour la deuxième année des masters nouveaux proposés.


    3- Dès la rentrée universitaire 2009, un dispositif de stages sera organisé pour tous les étudiants de M1 et de M2 se destinant à l’enseignement afin de permettre une préparation progressive à l’exercice du métier d’enseignant. Ces étudiants stagiaires seront encadrés, d’une part, par des professeurs d’accueil ou référents de l’Education nationale et, d’autre part, par des formateurs universitaires qui seront responsables de la validation des stages ainsi que de leur bonne insertion dans le cadre des masters. 

    En M1, les étudiants se destinant à devenir enseignants pourront ainsi bénéficier de stages d’observation et de pratique accompagnée d’une durée de 108 heures. De même, des stages en responsabilité d’une durée également de 108 heures seront proposés aux étudiants de M2. Ces stages en responsabilité seront rémunérés.


    4- Dès la rentrée universitaire 2009, un dispositif social nouveau au profit des étudiants qui se destinent à devenir enseignants sera créé, de manière additionnelle à ceux existants déjà dans les universités. 

    § 12.000 bourses, pouvant atteindre 2500 euros et calculées en fonction du revenu fiscal de référence, seront attribuées sur critères académiques pour l’année de M2 aux meilleurs étudiants de M1.
§ Pour favoriser la promotion sociale et la poursuite d’études pour devenir enseignants, les étudiants ayant droit à une bourse sur critères sociaux à l’échelon 0 (exonération des frais et des droits de sécurité sociale seulement) bénéficieront d’une bourse complémentaire de 1449 euros annuels.

    § Les stages en responsabilité, qui pourront bénéficier à 50.000 étudiants, feront l’objet d’une rémunération de 3.000 € pour 108 heures d’activité.

    § Enfin, 5.000 postes d’assistants d’éducation seront réservés aux étudiants de M2 inscrits aux concours de recrutement et 4.000 postes seront réservés aux étudiants souhaitant se destiner au métier d’enseignant inscrits en M1.


    5- Les épreuves des concours de la session 2010 auront un caractère provisoire, afin de mieux prendre en compte l’offre de formation de niveau master déjà existante dans les universités et d’assurer une transition pour les candidats qui ont bénéficié d’une préparation aux concours cette année. 

    Pour la session 2010 des concours du second degré, une épreuve disciplinaire comparable à une des épreuves existantes précédemment se substituera à l’épreuve de connaissances générales du système éducatif qui était initialement prévue. Ces dernières connaissances seront cependant abordées au sein de la formation continue dont bénéficieront les jeunes enseignants stagiaires.

    Quant à l’agrégation, ses épreuves demeureront en l’état.

    Pour la session 2010 des concours du premier degré (CRPE), les épreuves écrites continueront de comporter une composante didactique.

    Par ailleurs, pour l’ensemble des concours (CRPE, CAPES, CAPEPS, CAPET, CAPLP, CPE et Agrégation), outre les étudiants inscrits en M2, ou déjà titulaires d’un M2, pourront se présenter et être admis à la session 2010 sans condition nouvelle de diplôme, tous les candidats présents aux épreuves de concours de la session 2009. 
Par ailleurs, pour le premier degré, comme pour le second degré, il y aura au moins autant de places mises aux concours externes de recrutement en 2010 qu’en 2009.


    6- Dès la rentrée scolaire 2010, les jeunes enseignants bénéficieront d’un meilleur accompagnement lors de leur entrée dans le métier.
Conformément aux principes exprimés dans la Charte du 30 septembre 2008, les jeunes enseignants stagiaires, recrutés à l’issue de la session 2010 des concours, bénéficieront d’une formation continue renforcée, dans le cadre de leurs obligations de service, comprenant, d’une part, une partie pratique sous la forme d’un tutorat, et, d’autre part, une formation hors écoles ou établissements, de nature disciplinaire ou professionnelle dont les universités seront les acteurs essentiels.

    Le tutorat permettra d’apporter au jeune enseignant un appui pratique et adapté à ses besoins. Chaque jeune enseignant stagiaire sera accompagné par un tuteur dont la fonction sera reconnue et valorisée et qui pourra intervenir dans la même classe que son stagiaire. Dans le premier degré, cette fonction s’appuiera sur les professeurs des écoles maîtres formateurs (PEMF).


    7- Enfin, la mise en œuvre de ce processus de mastérisation permettra de revaloriser substantiellement les rémunérations des jeunes enseignants dès à compter de la rentrée scolaire 2010.
    Les deux ministres invitent les organisations représentatives à discuter des dispositions précédentes, en ce qui concerne la définition du processus abouti de la réforme en 2011 et l’organisation de l’année transitoire.

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  2. Lettre ouverte des sociétés savantes au Ministre de l’Education nationale



    Paris, le jeudi 12 mars 2009

    À Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale


    Monsieur le Ministre,

    Nous nous adressons solennellement à vous en tant que responsables élus et porte-parole de 30 sociétés savantes. Ces sociétés qui nous ont mandés pour vous écrire réunissent notamment une grande partie des universitaires spécialistes des principales matières enseignées dans les établissements dont vous avez la haute responsabilité. Toutes disciplines confondues, toutes tendances politiques confondues, nous voulons attirer votre attention sur les effets pervers de ce projet de réforme de formation des maîtres et des concours de recrutement qu’au mépris de tous les avertissements, vous voulez mettre en œuvre dès l’an prochain.
    En dépit des propos que vous avez tenus le 12 février, dont nous voulons croire qu’ils n’étaient qu’un « dérapage », vous avez absolument besoin d’entendre les préparateurs à « vos » concours et de discuter avec eux pour mettre fin à la crise déjà trop longue qui secoue actuellement nos universités. Si vous craignez les « discussions sibyllines », soyez assuré que nous nous efforcerons d’être clairs.
    Précisons d’abord que les enseignants, les préparateurs que nous représentons ne refusent pas toute réforme par principe. Bien au contraire, nous pensons nécessaire la réforme des concours et nous sommes favorables au principe de leur « mastérisation ». Aujourd’hui déjà la formation des professeurs s’effectue en 5 ans ; il est légitime que cette formation soit sanctionnée par un master. Une réforme plus ample du dispositif peut être envisagée, mais doit reposer sur un accord de la communauté scientifique, respecter les principes démocratiques qui sont les nôtres, et ne pas déboucher sur un affaiblissement du niveau des étudiants, un tarissement de la recherche et une mise en concurrence des universités. De surcroît, comment ne pas craindre, au vu de l’actuel projet, le risque que s’instaure à l’avenir un double régime entre les enseignants qui auront réussi le concours et seront donc « titulaires de plein droit », et ceux qui, n’ayant pas obtenu le concours mais étant néanmoins reçus au master, pourront être recrutés avec un statut différent ?
    Nous réclamons depuis le printemps dernier une véritable concertation sur ce dossier. Des principes et des propositions ont été formulés par nos sociétés auprès de vous-même et de Mme la Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Au lieu du débat constructif que nous espérions, vous avez tenté de nous imposer une réforme précipitée dont toute la communauté scientifique s’accorde à dénoncer les conséquences désastreuses pour l’enseignement et la recherche. Même la Conférence des Présidents d’Universités, dont on connaît la modération, reconnaît que « la question de la mastérisation (…) est aujourd’hui le principal point d’achoppement pour le rétablissement de la sérénité dans les universités. (…) Les présidents estiment toujours que les délais actuels de mise en oeuvre de la réforme sont incompatibles avec un travail de qualité et que le mieux serait de reporter d’un an l’organisation du nouveau concours. »
    A notre tour, Monsieur le Ministre, nous vous lançons un appel solennel pour que vous débloquiez la situation, et que s’ouvre enfin la négociation que nous demandons. Voici sur quelles bases nous sommes prêts à collaborer et à préparer des « maquettes ».

    1. En finir avec la précipitation
    Vous devez maintenir en l’état pour 2010 tous les concours de recrutement de l’enseignement primaire et secondaire. En effet, le report de la réforme est désormais la seule solution permettant une remise à plat du dossier et une véritable concertation (quant au contenu du concours, dans un premier temps, puis quant à l'organisation des futurs masters dans un second temps). Aujourd’hui, la première étape du processus est loin d’être accomplie : sur les épreuves et les programmes des nouveaux concours, on en est encore au stade de « documents de travail » officieux, dont on ne sait au juste par qui et comment ils ont été élaborés, et qui ne tiennent aucun compte de nos demandes. Ils ne nous permettent pas d’élaborer des « maquettes » précises conformes à la vision que nous avons de notre mission.

    2. Associer la communauté scientifique au débat
    En tant que responsables élus des sociétés savantes, représentatives de la communauté scientifique dans toutes les disciplines du savoir, nous demandons à être partie prenante de véritables négociations. En raison de notre légitimité scientifique, de notre expérience pédagogique et de notre représentativité dans le monde universitaire, il est nécessaire que nous soyons des interlocuteurs à part entière, que nous soyons informés du calendrier, des étapes et des acteurs de la réforme, que nous participions en tant que spécialistes aux commissions qui auront à prendre les décisions.
    Nous souhaitons aussi rencontrer conjointement des interlocuteurs des deux ministères dans les réunions, afin de n’être pas ballottés de l’un à l’autre.

    3. Maintenir de vrais concours pluridisciplinaires débouchant sur la titularisation
    Nous demandons des concours nationaux, qui fondent la sélection des candidats sur leurs connaissances disciplinaires, évaluées par des spécialistes universitaires et des enseignants des disciplines concernées. L’allongement de la phase de préparation du concours doit être l’occasion d’un renforcement des exigences disciplinaires et non de leur affaiblissement ou d’une restriction du champ des matières étudiées.
    Une épreuve de « connaissance du système éducatif », portant sur un contenu purement administratif, initiation aux arcanes de la bureaucratie du Ministère de l’Education Nationale, ne nous paraît pas nécessaire.
    La formation proprement pédagogique doit intervenir en aval, dans une année de stage pratique en alternance, dont on ne saurait faire l’économie.
    Il faut aussi écarter explicitement le spectre d'un concours de recrutement établissant des listes d'aptitude, donc ne garantissant pas le recrutement et la titularisation en tant que fonctionnaires des candidats reçus au concours.

    4. Maintenir l’année de stage pratique rémunéré
    La pédagogie ne s’apprend ni dans les livres, ni en restant « en observation » au fond de la classe… Nous exigeons le maintien de l'année de stage rémunéré, permettant au professeur stagiaire encadré par un tuteur de prendre 8 heures par semaine la responsabilité d’une classe, tout en suivant l'indispensable formation d'accompagnement. C’est au cours de ce stage que pourra être approfondie et vérifiée si besoin la « connaissance du système éducatif ». C’est à l’issue de ce stage que seront titularisés les professeurs ayant fait la preuve de leur aptitude à l’enseignement.
    La suppression du stage rémunéré pose en outre un grave problème social : en retardant d’un an le recrutement, la réforme annoncée pénalise les étudiants dont les moyens financiers sont fragiles ; elle aboutit à une sélection sociale des candidats ; elle entraînera aussi la baisse du nombre de candidats, et partant la baisse du niveau de recrutement.

    5. Ne pas dissocier les « maquettes » des nouveaux masters et les concours
    Selon les promoteurs de la réforme, les épreuves des concours ne sauraient influer sur les programmes des masters : ce seraient les masters, indépendants et complémentaires des concours, qui garantiraient la compétence disciplinaire des candidats. Nous récusons cette vision irréaliste, qui vide les concours de leur substance, comme s’il s’agissait, à terme, de les faire disparaître purement et simplement. Il nous paraît inacceptable et dangereux de séparer ainsi la délivrance d'un master qui atteste d'une compétence, et la question du recrutement. Au contraire, c’est sur la base de concours nationaux, aux exigences disciplinaires larges et clairement établies (par un programme spécifique plus exigeant que celui du baccalauréat ou de la licence), que pourra être rédigé le cahier des charges précis qui permettra ensuite à chaque université de préparer les « maquettes » du master enseignement, et au ministère de les valider. Il est indispensable d'articuler (et non de dissocier) la réflexion sur le contenu du concours (nombre d’épreuves, nature et programmes de celles-ci) et la réflexion portant sur le contenu des masters d'enseignement. C’est là la seule garantie du niveau national des compétences requises. Par ailleurs, comment concevoir, pour les mêmes étudiants, la maquette d’un master, sans être fixé sur le contenu précis du concours qu’ils prépareront ?

    6. Articuler les différents masters d'une discipline
    Un étudiant ne saurait préparer un concours exigeant à visée généraliste, et se consacrer dans le même temps à des stages de pratique pédagogique. Qui trop embrasse mal étreint. Un master défini comme un « parcours professionnalisant » vers les métiers de l’enseignement ne saurait en même temps « préparer les étudiants au doctorat ». Les étudiants devront-ils choisir dès la fin de leur licence, entre des cursus exclusifs les uns des autres, dirigés l'un vers la recherche, l'autre vers l'agrégation, et le troisième vers le CAPES ? Beaucoup de candidats à l'agrégation préparent en même temps et par sécurité le CAPES. Les moyens doivent être trouvés de maintenir cette possibilité, sous peine de voir s'effondrer le nombre de candidats au concours le plus difficile et aussi le nombre de futurs doctorants, donc de futurs chercheurs. De nombreux établissements ne pourront pas ouvrir deux ou trois masters dans un même domaine, le projet actuel aurait ainsi pour effet pervers que la plupart des universités se verraient rapidement privées de master recherche. Les répercussions se feraient sentir dès la licence, avec la fermeture induite de nombreuses filières en dehors des grands centres.
    Il est indispensable, pour l’avenir de la recherche et de chaque université, d’offrir aux meilleurs étudiants, aux futurs enseignants-chercheurs, l’occasion de s’initier réellement à une recherche approfondie sans pour autant se couper de la profession enseignante. Dans cette perspective, le statut du « master recherche » préalable à l’agrégation reste à préciser. De nombreux agrégés visant le doctorat préparaient d’autre part un M2 recherche après la réussite au concours. Quelle formation sera appropriée pour ce type de projet avec la nouvelle donne?
    La question des passerelles entre enseignement et recherche reste donc à repenser, de même que celle de l’itinéraire pédagogique entre l’obtention de la licence et la préparation de l’agrégation.

    Il faut, Monsieur le Ministre, pour dissiper nos craintes légitimes et celles de nos étudiants, retirer le projet actuel, réaffirmer que le succès au concours donne accès à une titularisation et non à une liste d'aptitude, rétablir l'année de stage pratique en alternance rémunéré et pris en compte dans la carrière, et enfin décréter un moratoire d'une année afin de laisser à une commission représentative le temps de décider du contenu scientifique des concours, de la nature des épreuves disciplinaires, des conditions de préparation et des moyens matériels et humains qui soient à la hauteur des ambitions légitimes en matière d'enseignement et de recherche proclamées publiquement par vous-même et par les plus hautes autorités de l'Etat.

    Dans l’attente d'une réponse de votre part, nous vous assurons, Monsieur le Ministre, de notre dévouement au service public de l’Education.


    Premières sociétés signataires

    Association des Etudes grecques
    Association Française d'Etudes Américaines
    Association Française de Mécanique
    Association Guillaume Budé
    Association des Germanistes de l’Enseignement Supérieur
    Association des Historiens Contemporanéistes de l’Enseignement Supérieur
    Association des Historiens Modernistes des Universités françaises
    Association des Professeurs d’Archéologie et d’Histoire de l’Art de l’Université
    Association des Professeurs de Langues Anciennes de l’Enseignement Supérieur
    Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public
    Association des Professeurs de Musique et Musicologie de l’Enseignement Supérieur
    Association des Sciences du Langage
    Commission Française pour l'Enseignement des Mathématiques
    Femmes et Mathématiques
    Société des Anglicistes de l'Enseignement Supérieur
    Société d’Étude du Dix-septième Siècle
    Société d’Étude de la Littérature Française du XXe siècle
    Société des Etudes Latines
    Société d’Etudes médio et néo-latines
    Société des Études Romantiques et Dix-neuviémistes
    Société des Hispanistes Français
    Société Française d’Étude du Dix-huitième Siècle
    Société Française d’Étude du Seizième Siècle
    Société Française d’Histoire du Sport
    Société Française de Littérature Générale et Comparée
    Société Française de Physique
    Société Française de Statistique
    Société Francophone de Biologie Théorique
    Société des Historiens Médiévistes de l’Enseignement Supérieur Public
    Société des Italianistes de l'Enseignement Supérieur
    Société de Langue et Littérature Médiévales d’Oc et d’Oïl
    Société Mathématique de France
    Société des Personnels Enseignants et Chercheurs en Informatique de France
    Société des Professeurs d'Histoire Ancienne des Universités
    Union des Professeurs de Physique et de Chimie

    Merci d’adresser toute correspondance à :

    Société Mathématique de France
    IHP
    11 rue Pierre et Marie Curie
    75231 Paris cedex 05
    Tél : 01 44 27 67 96 – Fax : 01 40 4690 96 – email : smf@dma.ens.fr

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  3. Université : "M. Sarkozy a donné aux réformes un éclairage inquiétant"
    LE MONDE | 13.03.09 | 10h11 Réagissez (15) Classez Imprimez Envoyez Partagez
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    Jean-François Méla, vous êtes professeur émérite à l'université de Paris XIII, et auteur du blog JFM's blog, consacré à l'université et à la recherche. Le fossé est- il en train de se creuser entre le sarkozysme et le "monde du savoir" ?



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    C'est une évidence. Le fameux discours de Nicolas Sarkozy du 22 janvier où la recherche publique a été mise en accusation, a été pour beaucoup dans l'explosion de la révolte, et surtout dans le fait que des scientifiques reconnus, jusque-là modérés dans leurs critiques, s'y soient associés.

    Il s'est créé une situation extrêmement malsaine où les désaccords ont pris une tournure politique qui dépasse le contenu des réformes proprement dites, parce que le président leur a donné un éclairage inquiétant. Du coup, les réformes dont certaines avaient été souhaitées dans le passé ont tendance à être rejetées en bloc.

    Le sarkozysme n'a pas de relais dans le "monde du savoir". La droite universitaire est traditionnellement plus réactionnaire que moderniste, et elle ne soutient pas la réforme, n'hésitant pas, de façon assez étonnante, à faire cause commune avec les "gauchistes".

    Cette colère vous semble-t-elle réellement dirigée contre un pouvoir précis, ou exprime-t-elle un désaccord plus vaste ?

    La composante proprement politique de la révolte est incontestable, et contribue à son caractère exacerbé. Il ne faut pas minimiser la protestation contre les suppressions d'emplois. Mais le conflit actuel est aussi l'expression des contradictions présentes dans les transformations en cours.

    Il y a d'abord la volonté politique de piloter de façon trop directe la recherche vue comme un moteur de l'économie. Puis l'introduction de techniques managériales et d'indicateurs de performance, abusivement transposés du monde de l'entreprise à celui des laboratoires et des universités.

    Mais il y a aussi une défiance vis-à-vis de l'autonomie des universités – pourtant essentielle – parce qu'elle met trop l'accent sur l'autorité managériale aux dépens de la communauté académique.

    Il est incontestable que le "contrat" entre l'université et la société est en train de changer et que ceci est source de tensions.

    Est-il légitime que la société demande des comptes à des universitaires ou des chercheurs ?

    Posée de façon aussi générale, la réponse ne peut être que oui. Mais qu'entend-on par "demander des comptes" ? S'il s'agit de demander aux chercheurs des informations de plus en plus détaillées et de plus en plus quantifiées, il n'est pas sûr que cela améliore leur productivité scientifique; cela peut favoriser des stratégies de conformisme qui se manifestent tout particulièrement lorsqu'il s'agit de programmes de recherche finalisés.

    Il faut savoir ce qu'il est important d'évaluer et de contrôler. Dans un univers où la motivation intrinsèque est essentielle, et où l'autonomie dans le travail est une valeur positive, au-delà d'un certain niveau de contrôle on envoie à l'agent un message de défiance qui nuit à la performance.

    Le principal contrôle devrait porter sur le processus de sélection et de formation des chercheurs et des enseignants-chercheurs. Le pouvoir politique peut légitimement fixer de grands objectifs, mais les dispositifs de contrôle doivent être mis en œuvre par la communauté scientifique, et les critères doivent être souples et évolutifs.



    Propos recueillis par Catherine Rollot

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  4. Un mensonge qui discrédite une négociation
    Communiqué du 12 mars 2009

    Les déclarations de C. Guéant au journal Libération (11 mars) constituent un grossier mensonge et un sabotage des négociations actuellement en cours au Ministère de l’Enseignement Supérieur. Comme l’avait demandé F. Fillon, le texte a bien été, grâce à nous, substantiellement modifié et récrit pour toutes les parties contestées. Aucune organisation syndicale présente n’a finalisé d’accord. Toutes ont insisté sur la nécessité de régler l’ensemble du contentieux, plus ou moins étendu selon les organisations. Pour sa part, AutonomeSup a en outre posé une réserve sur la répartition des promotions entre le CNU et les universités. La mise au net postérieure du texte a fait apparaître pour nous deux autres réserves concernant les congés pour recherche et conversion thématique et le déclenchement des heures complémentaires au-delà des 128 ou 192 heures statutaires. Après les déclarations de C. Guéant, AutonomeSup considère ces réserves comme des points de désaccord et présentera au prochain CTPU suffisamment d’amendements pour que même C. Guéant ne puisse pas reconnaître le texte primitif. Sans l’accord du Ministère sur ces points, AutonomeSup votera contre le nouveau décret et sera plus intransigeant sur les autres points du contentieux : le combat continue. Qui désormais pourrait se montrer conciliant face à de tels mensonges et à un tel mépris pour ceux qui prennent la peine et les risques de négocier ?
    MichelGay
    Président Jean-Louis Charlet
    SecrétaireGénéral

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  5. Quelques infos pour le week-end:
    1. Décret statutaire: finalement, aucun accord n'avait été conclu avec les syndicats minoritaires; Autonome sup ne signera pas le nouveau décret si les heures effectuées au-delà des 128-192 heures statutaires ne sont pas réglées en heures complémentaires:
    http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/03/aprs-sciences-a.html
    http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2127
    2. Mastérisation:
    - Communiqué de V. Pécresse et de X. Darcos (rappel):
    http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2118
    - La réaction du SNESUP: "le gouvernement n'a pas modifié son canevas":
    http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2128
    - SLU: "manoeuvre tactique ridicule":
    http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article2131
    3. Mise au point: Pascal Binczack (Président de Paris VIII) évoque l'ampleur des tâches effectuées par les EC:
    http://www.liberation.fr/tribune/0101318035-s-accorder-dans-le-temps-pour-reformer-l-universite

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  6. Cher tous,
    Annoncées depuis ce matin, voici les dernières "concessions" (dixit le Monde) du Roi Darcos : http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/03/12/universite-les-concessions-du-gouvernement_1166824_3224.html#xtor=AL-32280184
    Il faudrait en rire si ce n'était pas tellement triste ; on nous prend vraiment pour des c....
    Rien mais absolument rien n'a été concédé ni changé : pas de report ni d'ouverture de négociations ; le stage annoncé ne sera que facultatif et sans doute impossible à effectuer pour beaucoup d'étudiants (je pense aux étudiants salariés notamment) ; c'est sans conteste une nouvelle superchérie.
    Je pense vraiment que le mouvement est appelé à se radicaliser face à tant de mépris.
    Amicalement à vous tous
    D. Weissmann

    P.S.: A ce sujet, je me permets d'ajouter une note personnelle :
    effectuant le déménagement de ma petite famille durant la semaine prochaine, je serai pris par toute une série de RV techniques, d'organisation et de préparation qui malheureusement ne me permettront pas de m'impliquer dans les actions prévues. Je prendrai donc, à partir de mardi, quelques jours de "congé"
    avant de vous rejoindre dans la mobilisation dès le lundi 23 mars (sauf miracle).

    DW

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  7. Cher tous,

    Je voudrais ajouter 4 choses au commentaire de Dirk :
    - Rien sur le contenu des concours
    - 108 heures de stage dès le M1, ce qui met en danger nos M1 recherche
    - L'année de formation en alternance avec un an de salaire complet remplacée par un stage indemnisé à 3000 euros
    - 2 fois 108 h de stages avant le concours, pour mieux former les futurs "reçus-collés" à leur métier d'enseignant précaire

    Amitiés
    Arnaud

    At 17:59 12/03/2009, Dirk Weissmann wrote:


    Cher tous,
    Annoncées depuis ce matin, voici les dernières "concessions" (dixit le Monde) du Roi Darcos : http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/03/12/universite-les-concessions-du-gouvernement_1166824_3224.html#xtor=AL-32280184
    Il faudrait en rire si ce n'était pas tellement triste ; on nous prend vraiment pour des c....
    Rien mais absolument rien n'a été concédé ni changé : pas de report ni d'ouverture de négociations ; le stage annoncé ne sera que facultatif et sans doute impossible à effectuer pour beaucoup d'étudiants (je pense aux étudiants salariés notamment) ; c'est sans conteste une nouvelle superchérie.
    Je pense vraiment que le mouvement est appelé à se radicaliser face à tant de mépris.
    Amicalement à vous tous
    D. Weissmann

    P.S.: A ce sujet, je me permets d'ajouter une note personnelle :
    effectuant le déménagement de ma petite famille durant la semaine
    prochaine, je serai pris par toute une série de RV techniques,
    d'organisation et de préparation qui malheureusement ne me permettront pas de
    m'impliquer dans les actions prévues. Je prendrai donc, à partir de mardi, quelques jours de "congé"
    avant de vous rejoindre dans la mobilisation dès le lundi 23 mars (sauf
    miracle).
    AB

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  8. Après 6 mois d’un silence ministériel assez mystérieux qui laissait espérer un abandon des mesures envisagées, voilà le Palais à nouveau en danger. Un décret instituant sa fusion avec la Cité des Sciences et de l’Industrie est prévu début avril, fusion qui prend la tournure d’une absorption pure et simple par la Cité.
    Bien sûr, la flamme si particulière qui souffle au Palais n’y survivrait pas.

    Un lieu qui déplace des limites, où l’horizon se fait plus vaste est nécessaire.
    Ne laissons pas le gouvernement le détruire.

    Aujourd’hui, si nous laissons faire ce gâchis, le Palais risque à tout jamais d’être victime d’une « fausse bonne idée » de rationalisation, lancée à-la-va-vite mais que rien ne justifie, ni sur le plan scientifique et culturel, ni sur le plan économique. Comment comprendre qu’en pleine crise, le gouvernement maintienne une mesure qui pourrait coûter 6 millions d’euros, puis plus de 2 millions d’euros par an de coûts supplémentaires de fonctionnement ?

    Comment comprendre cette forme de colonisation, alors que le Palais va bien, qu’il bouge et continue de faire bouger les esprits ?
    Sa fréquentation est excellente. Les rapports officiels de la Cour des Comptes et autres Inspections saluent sa réactivité et son dynamisme.
    Loin de l’immobilisme et du statu quo, il est activement engagé dans une rénovation ambitieuse. De grands scientifiques dont plusieurs Prix Nobel, et des dizaines de milliers de personnes ont exprimé fortement leur attachement à ce qui s’y passe.

    Alors, venez soutenir le Palais en participant à la grande soirée organisée dans son enceinte mardi 24 mars, à partir de 19 heures.
    Des personnalités scientifiques et de la culture, des amis du Palais y parleront de ce qu’il représente pour eux, pour la science et pour la culture.
    Des médiateurs du Palais, avec la complicité de personnalités « cobayes », vous convieront à des exposés exceptionnels, pour vivre un moment de science, comme le Palais sait le faire.

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  9. Gesticulations dans les ministères :
    sur un communiqué de X. Darcos et V. Pécresse

    Communiqué de SLU du 13 mars 2009

    Depuis des mois, la communauté universitaire dans son immense majorité est vent debout face à la réforme de la formation et du recrutement des enseignants du premier et du second degré. Depuis des mois, elle dénonce un projet qui conduira à une dégradation de la formation professionnelle et de la formation disciplinaire, qui met en place pour les concours de recrutement des épreuves vidées de leur substance, qui supprime pour des motifs strictement budgétaires l’année de formation en alternance postérieure à la réussite au concours, qui crée une concurrence entre un diplôme (le master) et un concours. Ce projet affaiblit l’un et l’autre et conduit nécessairement à la contractualisation et à la précarisation. Depuis le 8 novembre plus de 20000 personnes et des dizaines d’associations, syndicats, collectifs ont appelé non seulement à reporter cette réforme mais aussi à ouvrir un débat national sur la question avec tous les acteurs de la formation des enseignants. Depuis six semaines, les universités françaises sont en grève et leur coordination demande le retrait de ce projet.

    Et pourtant les deux ministres concernés, dans leur communiqué commun du jeudi 12 mars, comme s’ils vivaient dans un autre monde et un autre temps que nous, feignent de ne pas comprendre que c’est la logique même de cette réforme qui est rejetée massivement. Ils n’hésitent pas à réitérer des mensonges maintes fois dénoncés : non, il n’y a aucune harmonisation européenne dans ce projet ; non, cette réforme n’allonge pas la durée de la formation des futurs enseignants, elle allonge la durée des études non rémunérées ; non, son enjeu principal n’est pas « qualitatif », mais bien budgétaire et idéologique ; non, les jeunes enseignants ne seront pas « mieux accompagnés », ils seront moins bien formés.

    La méthode est toujours la même : les ministres érigent le bureau de la CPU en partenaire quasi-unique, mènent des négociations secrètes avec « des syndicats » non nommés, lancent des « ballons d’essai » sous la forme de fuites de documents « confidentiels » dans des dépêches AEF et présentent comme nouvelles des demi-mesures qui avaient déjà été mises sur la table il y a plusieurs mois sans succès, comme si rien ne s’était passé depuis :
    — Ils cèdent des miettes en termes de bourses pour les étudiants, « pouvant atteindre jusqu’à 2500 euros » par an ; rappelons que le salaire — misérable — de début de carrière d’un enseignant est de 1310 euros… par mois, soit quand même six fois plus.
    — Ils font semblant de croire que 5000 étudiants pourront préparer avec succès un master et un concours tout en étant assistants d’éducation, alors que l’on sait que ces emplois prennent beaucoup trop de temps pour cela
    — Ils prétendent améliorer la formation en alternance en y consacrant un tiers de l’horaire des jeunes collègues au lieu de deux tiers aujourd’hui.
    — Ils prévoient des stages totalement inadaptés : envoyer les étudiants faire des remplacements dans les établissements, au gré des congés des enseignants, ne constitue pas un cadre d’apprentissage sérieux ; alors que les futurs professeurs des écoles font actuellement 370 heures de stage en responsabilité, la « réforme » n’en propose plus que 108. Et encore faut-il préciser que, faute de pouvoir offrir plus de 50000 stages aux 140000 candidats, le ministère fera assurer un même stage à deux étudiants ! De toute façon, les ministères n’auront ni les moyens humains ni les moyens financiers de mettre en place ce système lourd et compliqué – car comment seront rémunérés les « tuteurs » encadrant ces stages ?
    — Enfin, ces stages qui pourront avoir lieu n’importe quand ne permettent pas de mettre en place un véritable calendrier de la formation universitaire

    Les rares nouveautés annoncées ces derniers jours ne font qu’apporter la preuve de l’absurdité et de la nocivité d’un projet lancé à la hâte :
    — Pour se gagner certains et diviser encore une fois le monde universitaire, les ministres remplacent provisoirement une épreuve sur la connaissance du système éducatif par une épreuve disciplinaire qui n’est pas définie et qui disparaîtra dans un an sans justification.
    — Pour tenter d’acheter la complaisance des syndicats du second degré, ils promettent une revalorisation des carrières des enseignants en trompe-l’œil : il est en effet bien évident que la petite augmentation des traitements en début de carrière ne compensera ni la disparition de la rémunération perçue actuellement par les stagiaires avant leur titularisation, ni la diminution des pensions de retraite engendrée par la perte de quatre trimestres de cotisation….
    — Enfin, les deux ministres annoncent la création d’une « commission de suivi » dont les missions, détaillées dans une lettre au président de la CPU, révèlent le caractère complètement improvisé de cette prétendue réforme : cette commission devra en effet régler rien moins que les questions d’articulation entre masters et concours, de place de la formation à la recherche dans les masters, d’adaptation des épreuves, d’organisation des concours etc.
    — Quant aux universités, elles pourront modifier entièrement leurs offres de formation pour l’année 2010-2011, mais il est indispensable qu’elles mettent en place pour l’année 2009-2010 des « maquettes » conformes à la réforme, fussent-elles absurdes !

    Dans la logique du gouvernement, rien n’est défini, mais il faut lancer cette réforme coûte que coûte dès à présent, et ne surtout pas revenir sérieusement sur ses principes. Que dire d’un tel amateurisme, d’une pareille désinvolture dans la gestion d’un des aspects les plus cruciaux d’une politique gouvernementale, la formation des générations futures ?

    Cerise sur le « gâteau », les ministres annoncent une procédure d’« accompagnement lors de l’entrée dans le métier » avec tutorat, et formation disciplinaire et professionnelle « dont les universités seront les acteurs essentiels » mais qui sera définie par l’inspection : comment dire plus clairement que la formation prévue dans les deux années de master sera insuffisante et nécessitera (au moins) une année supplémentaire ? Comment aussi comprendre cette annonce, qui ne précise aucun cadre universitaire pour cet « accompagnement » ? Le master serait-il désormais un diplôme en trois ans ? Ou bien devra-t-on créer des diplômes d’université pour compléter la formation, même si ces derniers ne sont pas financés par les ministères ?
    Bref, la seule nouvelle inédite et un peu rassurante est la promesse de ne pas supprimer de postes aux concours l’an prochain ; mais on ajoutera tout de suite que pour les professeurs des écoles les coupes sombres ont déjà eu lieu cette année !

    Ce communiqué des deux ministres est donc très insuffisant, déplacé et dépourvu de toute crédibilité. Sa seule raison d’être est de se livrer à une manœuvre tactique ridicule de la part de responsables incapables de prendre la mesure de la crise qui secoue le monde de l’université et de la recherche et sans souci réel de la qualité de la formation des futurs enseignants. Nous ne sommes pas dupes. Nous maintenons notre demande de retrait de cette réforme et de maintien des concours en l’état pour 2009-2010.

    13 mars 2009

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